La valorisation d’une entreprise dépend de nombreux facteurs subjectifs. Parmi ces éléments, on retrouve notamment le but de l’opération : donation, succession, transmission familiale ou encore cession de l’entreprise à un tiers.
La valeur découle également de l’attrait de l’entreprise. Celui-ci dépend de plusieurs éléments comme : la localisation, la récurrence de l’activité, le métier de l’entreprise, la dispersion de la clientèle, la dépendance au dirigeant ou à des collaborateurs, la structure financière de la société, etc.
Il existe 3 principales familles de méthode de valorisation permettant d’apporter une « justification financière » à une valeur de société. Elles se basent sur des approches différentes :
- Les fonds propres de l’entreprise : la méthode patrimoniale ;
- La rentabilité passée : les méthodes de rendement et EBIT ;
- Les flux de trésorerie futurs : la méthode DCF (Discounted Cash-Flow).
Mais il existe une autre méthode, simple et pragmatique, pour valoriser une entreprise : la méthode empirique.
Le but de cette méthode est de déterminer la valeur financière de l’entreprise en répondant à la question suivante : « comment l’acquéreur doit financer la reprise de cette entreprise ? ». Celle-ci consiste à valoriser la société par la somme des différentes sources de financement possibles, à savoir : l’apport du repreneur, le crédit empruntable auprès des banques et la trésorerie distribuable de la cible. Ensuite, il convient de déduire les frais d’acquisition payés par le repreneur pour déterminer la valeur de la société.
Afin de bien comprendre le mécanisme de cette méthode de valorisation, nous prendrons l’exemple suivant :
- Société dans l’infogérance informatique existant depuis 10 ans ;
- Entreprise avec une équipe bien structurée de 15 salariés ;
- Activité et rentabilité de la société stable avec un CAHT de 2 M€, un résultat courant avant impôt de 100 K€ et un résultat net de 77 K€ (pas de résultat exceptionnel) ;
- Le dirigeant a une fonction de manager et se rémunère, toutes charges comprises, 150 K€/an ;
- La société possède 400 K€ de fonds propres et 300 K€ de trésorerie au bilan. Cette trésorerie étant relativement stable toute l’année.
Avant de réaliser la valorisation de cette société, il faut déterminer en premier lieu son résultat net retraité afin d’évaluer sa réelle capacité bénéficiaire. Les éléments à corriger peuvent être de différentes natures tels que la rémunération du dirigeant, la politique d’amortissement, la politique de financement, les charges ou produits exceptionnels, etc.
Application : Dans notre cas, nous pouvons considérer comme normative une rémunération de dirigeant de l’ordre de 60 K€ annuelle (+30 K€ de charges TNS) sur ce type de structure. Par conséquent nous obtenons le résultat net retraité suivant :
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L’apport du repreneur
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Il est globalement constaté qu’un repreneur de PME-PMI apporte en moyenne entre une et trois années de résultat net retraité de la cible en fonction de l’attrait de l’entreprise.
Application : Dans notre cas, le métier d’infogérance informatique est très recherché par les acteurs du marché et a la particularité d’avoir une récurrence d’activité forte. De plus la rentabilité et la structure financière sont bonnes et l’équipe bien structurée. Par conséquent nous avons retenu un multiple de 3 années de résultat net. Soit un apport du repreneur de 3 x 120 K€ = 360 K€.
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Le crédit empruntable auprès des banques
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Ce montant peut être déterminé en prenant en compte une distribution maximum de 70 % du résultat net retraité passé de la cible. Ce dividende calculé représente alors l’échéance maximum du crédit de reprise qui serait sollicité sur une durée de 7 ans maximum.
Application : Le résultat net retraité de 120 K€ permet une capacité de distribution annuelle de 84 K€ (120 K€ x 70 %). Soit un capital empruntable auprès des banques de 565 K€ (hypothèses d’un crédit sur 7 ans au taux de 1 %).
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La trésorerie distribuable de la cible
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Dans certaines sociétés il peut y avoir des excédents de trésorerie. Dans le cadre de la reprise, il est possible de capter (via une distribution de dividende exceptionnelle) une partie de cet excédent afin de payer le prix d’acquisition. Sachant que pour assurer le bon fonctionnement de la société, il est nécessaire de conserver l’équivalent de 30 jours de CATTC en trésorerie d’avance idéalement.
Application : Dans notre cas, la trésorerie de 300 K€ représente 45 jours de CATTC. Soit une capacité de distribution de 15 jours, soit 100 K€. Ces derniers sont également distribuables car la société dispose des fonds propres suffisants (400 K€) pour effectuer la distribution de dividendes.
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Les frais d’acquisition
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Enfin il est nécessaire, en complément des 3 éléments précédents, de déduire tous les frais relatifs à l’opération. A savoir, les frais légaux (droits d’enregistrement, de création de société, etc.) et les frais de conseils (avocat, expert-comptable, etc.) qui seront réglés par le repreneur.
Application : Dans notre cas, nous évaluerons l’ensemble de ces frais à 40 K€.
Synthèse
L’approche de valorisation des titres de cette société se fait donc par la somme de :
- L’apport du repreneur : + 360 K€
- Le capital empruntable : + 565 K€
- La trésorerie distribuable : + 100 K€
- Les frais d’acquisition : -40 K€
Soit une première approche de valorisation de 100 % des titres de cette société de 985 K€. L’intérêt de cette méthode de valorisation réside dans le fait qu’elle correspond au plan de financement du repreneur pour l’acquisition de la société :
Afin de confirmer votre approche de valorisation, n’hésitez pas à utiliser plusieurs méthodes et à vous faire accompagner par des professionnels.
1 Commentaire. En écrire un nouveau
Très complet, merci beaucoup pour cet article très complet sur la valorisation d’entreprise.